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Jedi Academy sans role play, ça manque un peu de saveur et il m'est apparu évident de construire un background autour de mon personnage. Cette histoire est plus ou moins construite autour de mes premiers pas dans le jeu. Cela fait plusieurs années que je l'ai écrite et en la relisant, je m'aperçois qu'elle comporte des maladresses, mais je vous la livre telle quelle; peut-être un jour aurai-je le courage de la remanier.

L'héritage de la Force

I. Le coffre des souvenirs

« La famille du cœur passe avant la famille du sang » : voilà ce que se disait Jashugan en déambulant dans l’Académie du Haut Conseil de la Force. Il avait mis du temps à réaliser cette vérité, mais maintenant il se répétait cette phrase qui lui paraissait chaque jour plus vraie. En s’installant dans la salle de méditation, il commença à se remémorer son passé et tout ce qu’il avait gâché, comme on ouvre un coffre plein de jouets cassés. Voici son histoire.

Jashugan SUNBLADE est né sur Coruscant, de l’union d’Hamon Izmir et Jolane Sunblade. Son père, Hamon, était un homme instruit et volontaire, d’une stature impressionnante et d’un charisme rare, mais il était un peu bourru et terre à terre. Il travaillait pour la Société des Navettes de Coruscant Fusionnées qui assurait les liaisons internes à la planète-ville et d’autres relations extra-planétaires. Son travail était d’assurer la maintenance de l’électronique et de la mécanique des engins de transport ou de fret. Sa connaissance en la matière en faisait un des meilleurs en ce domaine, mais il était maigrement payé.
Sa mère, Jolane, était aveugle de naissance, mais malgré son handicap elle avait toujours su se débrouiller pour élever ses enfants. Car Jashugan avait un frère de trois ans son aîné: Zapan.
La famille vivait dans les obscurs bas-fonds de Coruscant, le seul salaire d’Hamon ne suffisant pas à leur donner plus de confort. Le grand-père de Jashugan, Aaron Sunblade, vivait là avec eux. En vérité la maison lui appartenait, et il subvenait aux besoins de la famille dans les moments difficiles. Jashugan se souvenait de lui comme un homme mystérieux, amusant et nostalgique. Il restait parfois des heures à contempler les étoiles, perdu dans des souvenirs lointains et faisant revivre des visages oubliés. Jashugan se remémora les histoires passionnantes de guerres et de légendes que son grand-père lui racontait le soir. Sa narration était si prenante qu’il semblait avoir vécu ces situations lui-même.
Mais Aaron était un vieil homme et il mourut alors que Jashugan avait à peine dix ans. Sa peine fut immense et il lui semblait avoir perdu plus qu’un grand-père. Lors de son incinération, de nombreuses personnes que Jashugan n’avait jamais vues étaient présentes. Beaucoup d’entre elles arboraient la même tenue : de longs manteaux les recouvraient et une large capuche cachait leurs visages. Il se dégageait de leurs personnes un mystère et une force que Jashugan perçut tout de suite. Sa mère s’était un peu entretenu avec eux. Jashugan lui demanda alors :
-« Maman, qui sont ces gens ? »
-« Ce sont de vieux amis de ton grand-père, Jash. Il était très apprécié dans son ancien travail, au Sénat… »
Jashugan, malgré son jeune age, percevait assez facilement les mensonges ; celui-ci en était un.


La situation financière de la famille ne fit que se détériorer dans les années suivantes ; Hamon dilapida le maigre héritage de son beau-père, choisissant d’oublier ses problèmes dans l’alcool et le jeu, ne faisant qu’aggraver leurs conditions de vie. Cependant Zapan était très proche de lui ; il entretenait un culte pour son père et le critiquer provoquait chez lui des réactions très violentes. Souvent ils partaient ensemble faire le tour des casses afin de récupérer des épaves et les retaper ; ces longues journées passées ensemble accrurent leur complicité. Hamon de son côté ne cachait pas sa préférence pour son fils aîné.
A l’inverse, Jashugan était de plus en plus proche de sa mère, s’occupant d’elle tous les jours et assurant les taches ménagères de la maison. C’est dans ce contexte qu’il découvrit un jour une malle dans la chambre de son grand-père. Celle-ci était fermée par un gros verrou. Jashugan était un enfant sage mais résister à ouvrir les portes fermées était au dessus de ses moyens. De plus il

avait fini par acquérir une certaine aisance dans le crochetage de serrures diverses. En réalité il avait une sorte de « sixième sens » qui lui faisait voir mentalement chacun des rouages d’une serrure, et il s’était muni de divers ustensiles afin de parvenir à ses fins. Il ouvrit donc cette grosse malle mystérieuse sans difficulté. A l’intérieur, il trouva quelques livres qui traitaient d’histoire, des décorations dont il ne parvint pas à lire les inscriptions, ainsi qu’un objet bizarre dont il ne s’expliquait pas la fonction. D’une trentaine de centimètres, celui-ci était cylindrique et plusieurs boutons parcouraient son manche. La curiosité étant trop forte, Jashugan appuya sur l’un d’eux... Un éclair vert passa à deux doigts de sa tête, et il lâcha l’objet qui s’éteignit en retombant sur le sol. D’un coup Jashugan comprit toute l’histoire : « bien sur !», se dit-il. Il connaissait l’ordre jedi, car de nombreuses Académies parsemaient Coruscant. Mais il était loin de se douter que son grand-père en était un ! Cela expliquait beaucoup de choses. Il rangea l’arme dans la malle et referma le verrou, encore sous le choc de la révélation.
Chaque jour suivant il revint ouvrir la malle et commença à étudier les livres qui s’y trouvaient ; certains traitaient effectivement d’histoire, et d’autres étaient plus spécifiques aux jedis. L’un d’eux attira son attention ; celui-ci était une sorte de biographie d’un jedi nommé Qui-Gon Jinn. Il était parcouru de nombreuses holo-images qui le rendait très complet. Jashugan ne tarda pas à entretenir une profonde admiration pour ce jedi mort de la main d’un sith avant la guerre des clones. Il lui semblait que son grand-père s’était inspiré de ce jedi pour lui raconter certaines histoires. Il n’y connaissait rien à la Force, mais il lui semblait que Qui-Gon Jinn était un modèle à suivre, une sorte de mentor post-mortem. Sa fascination pour ce personnage ne fit que croître depuis ce jour, et il lui semblait encore maintenant que Qui-Gon guidait certaines de ses actions.
A mesure que le temps passait, Hamon devenait plus alcoolique et violent chaque jour, et il n’hésitait plus à vendre des objets de la maison pour régler ses dettes de jeu. Zapan fermait les yeux sur cette situation et ignorait complètement sa mère qu’il ne considérait plus que comme une bouche à nourrir infirme et inutile. Plusieurs fois il avait voulu entraîner Jashugan dans un de ses « coups fourrés », car il connaissait son don pour ouvrir certaines portes ; mais Jash s’y refusait, sa mère aurait été livrée à elle-même s’il lui était arrivé quelque chose.
Une fois pourtant, Jashugan céda sous la pression de la faim et de la misère où il voyait sa mère. Il partit avec son frère afin de « visiter » un hangar peu fréquenté ou ils pourraient peut-être trouver de quoi subsister. Alors qu’ils en fouillaient l’intérieur, Jashugan eut d’un coup une impression de douleur aïgue. Cette impression se fit plus précise et insistante et il comprit clairement, sans savoir comment cela se produisait, que sa mère éprouvait de la détresse à ce moment précis. Il se précipita dehors ; son frère lui demanda :
-« Qu’y a-t-il ? »
-« Maman a des ennuis ; je le sens ».
Zapan comprit immédiatement ce que cela pouvait signifier, et ils se mirent en chemin à toute vitesse. Mais Jashugan était meilleur coureur que son frère et il parvint à de glisser dans une navette régulière juste avant la fermeture des portes. Zapan vit partir son frère, impuissant et inquiet.
Quand Jashugan arriva dans la maison, son père, plus saoul que d’habitude, était en train de s’acharner sur Jolane, lui envoyant des gifles en l’insultant. Jash se précipita sur Hamon, plein de haine pour ce père qu’il reniait désormais. Mais celui-ci était grand et fort, et Jashugan fut repoussé sur le sol, détruisant le maigre mobilier qu’il leur restait. Une seule solution s’imposa à lui à ce moment là. Il gravit quatre à quatre les marches de la petite maison jusqu’à la chambre de son grand-père, fit s’ouvrir le lourd cadenas avec une précision diabolique, s’empara du sabre-laser et redescendit encore plus vite qu’il n’était monté. Une fois dans la pièce, il appuya sur le dangereux bouton. Hamon se retourna, sans un mot ; on n’entendait plus que les vibrations bourdonnantes de la lame verte. Jolane aurait reconnu ce bruit entre tous ; elle s’adressa à son fils :
-« Jashugan, ne fait pas de bêtises, cette arme est très dangereuse…. »
Une lueur de crainte passa sur le visage d’Hamon :
-« Ecoute ta mère, mon petit, tu pourrais te blesser. »
Jashugan prit une longue inspiration puis dit à son père :
-«Tu vas quitter cette maison et ne jamais revenir. Tu t’es fait assez de mal à toi-même, je t’empêcherai d’en faire aux autres. »
-« Voyons fils, tu n’es pas sérieux ! » Hamon esquissa un pas titubant en direction de son fils.
-« N’approche pas ! Je te jure que je n’hésiterai pas ! »
Incrédule, Hamon étudia le visage de son fils ; il y perçut de la haine et une détermination à toute épreuve :
-« Et bien, puisqu’on me chasse de chez moi, je m’en vais. Je… je reviendrai prendre mes affaires »
Hamon sortit la tête basse et l’air résigné, laissant la porte ouverte. Un soulagement immense étreignit Jashugan. Il était débarrassé de ce tyran, et peu importe la réaction de son frère. Il se précipita au chevet de sa mère. Celle-ci était couverte de bleus et saignait abondamment du nez. En croisant le regard blanc de celle-ci, il aperçut dans son reflet une ombre derrière lui ; son instinct lui cria qu’il était en danger de mort. A la vitesse de l’éclair, il se retourna, dégaina sa lame une nouvelle fois et frappa de toutes ses forces. Son père, un large couteau à la main, s’écroula, coupé en deux du bassin à l’épaule.
-« Mon fils, qu’as-tu fait ? », s’écria Jolane encore toute ensanglantée.
Jashugan n’avait pas réalisé ce qui venait de se passer, comme si quelqu’un d’autre s’était emparé de lui. L’instant suivant, il perçut immédiatement les conséquences de son acte. Il jeta son sabre à l’autre bout de la pièce, effrayé par ce qu’il venait de faire. Il jeta un regard sur son père ; en relevant la tête, il vit Zapan, debout sur le palier, les yeux plein de larmes…et de haine. Celui-ci se rua sur son frère, décidé à venger la mort de son idole. Le combat était inégal, Jashugan ne faisant que se défendre sans chercher à blesser son frère qu’il aimait malgré tout. Zapan s’empara du couteau encore dans la main de son père, n’entendant même plus les suppliques de sa mère, et s’apprêta à frapper. Jashugan vit sa courte vie défiler devant ses yeux qu’il ferma, attendant la mort. Mais rien ne vint…juste un bruit sourd. En rouvrant les yeux, Jashugan aperçut son frère à ses pieds, assommé, et sa mère, un pied de table à la main. Sa cécité ne l’avait jamais empêché de « voir » les choses et ressentir la présence des gens dans l’espace. Laissant tomber sa matraque improvisée, elle dit à son fils :
-« Tu dois fuir, mon fils, maintenant. Je ne pourrai pas supporter que vous vous entre-tuiez. La seule solution est que tu partes. Ecoute-moi bien, Jash : tu vas aller voir Goren Doz, c’est un vieil ami, un collègue de ton père. Il t’emmènera loin d’ici. Moi je vais faire le nécessaire pour…effacer les traces. »
Jashugan, complètement perdu, ne pouvait plus trouver la force de discuter la décision de sa mère. Il fit un signe de la tête, se soumettant à l’ordre qui venait de lui être donné. Il prit quelques affaires, son sabre-laser, puis étreignit sa mère comme il ne l’avait jamais fait :
-« Au revoir, mon fils ; puisses-tu me revenir un jour. »
-« Maman, que fera Zapan à son réveil ? J’ai peur pour toi. »
-« Ne t’inquiète pas. Je le raisonnerai. De ton côté ne montre ton sabre-laser à personne ; cela t’attirerait des ennuis. Va maintenant. »
Jashugan posa un dernier baiser sur le front de sa mère, franchit la porte de la petite maison et prit son nouveau départ, sans se retourner. Il avait maintenant dix-huit ans.

Goren Doz était pilote de navettes fret. Il assurait régulièrement la liaison entre Coruscant et Kashyyk afin de fournir la planète-ville en bois. Il ne posa aucune question à Jashugan et l’emmena discrètement à bord d’une de ses navettes. C’était la première fois que Jashugan visitait l’Espace. Ce fut une révélation pour lui : cette immensité infinie répondait-elle à quelque règle supérieure, pouvait-on en contrôler les forces qui la régissent ? Il se sentit minuscule à la vue de tant de majestuosité.
En débarquant sur Kashyyk, Goren donna quelques crédits à Jashugan et le recommanda à un de ses amis forestier. Il commença à travailler là dans les hautes et merveilleuses forêts de Kashyyk, exploitant ce que les wookies voulaient bien vendre aux autres planètes. Il fit la connaissance de ceux-ci et commença à apprendre leur langue. Il croisa de nombreuses autres races qui affutèrent sa connaissance de la galaxie. Il vécu ses premiers émois amoureux, et ses premiers chagrins d’amour. Pourtant aucun n’égalait la douleur d’être séparé de sa mère. Bien sûr il avait des nouvelles par Goren mais celle-ci, dans ses messages, lui déconseillait de revenir, sans pour autant parler de son frère. Ainsi Jashugan passa huit années entières sur Kashyyk.
Puis un jour, à l’occasion d’un changement de gouvernement, les Wookies décidèrent de ne plus vendre leur bois. Les compagnies forestières quittèrent une à une la planète. Jashugan, par les relations qu’il s’était faites, parvint à trouver du travail dans une société minière. Le but était de déloger des parasites afin d’exploiter des minéraux pour des compagnies fossiléennes. Bimisaari servait de base aux extracteurs ; là, Jashugan appris à se déplacer en « gravité zéro ». C’était un travail peu gratifiant mais qui payait bien. Jashugan ne quittait jamais son sabre-laser ; il en sortait la lame quelquefois quand il était seul, comme on ouvre un pendentif avec une photo dedans, et qui vous rappelle votre famille.
Un jour, alors qu’il se préparait à prendre la navette pour l’un des astéroïdes, Jashugan vit arriver un vaisseau inconnu. De loin, il aperçut un homme vêtu de sombre en sortir et prendre sa direction. A mesure qu’il s’approchait, un sentiment d’oppression et de nostalgie l’envahit. Il avait reconnu son frère. Mais la noirceur qu’il perçut dans son cœur le fit frissonner.
Sans un mot, Zapan s’avança, enlevant la large capuche qui lui recouvrait le visage. Jashugan eut un choc : il avait terriblement changé. Des tatouages rouges lui parsemaient le visage, et ses yeux étaient plus rouges encore. Il dégaina un sabre-laser ; la lame jaillit comme la lave d’un volcan en éruption, rouge de haine, rouge sang. Jashugan en savait assez sur les siths pour comprendre à cet instant que son frère en était devenu un ! Mille questions se bousculèrent dans sa tête. Etait-il devenu un sith pour pouvoir mieux se venger de son frère ? Sa mère avait-elle voulu lui cacher ? Comment l’avait-il retrouvé ?
Ce n’était pas le temps des questions : Jashugan esquiva la première attaque grâce aux propulseurs dont il était équipé pour se déplacer sur les astéroïdes. Zapan sauta très haut et très vite pour l’atteindre. Par réflexe, Jashugan activa son contrôleur de gravité fixé à sa ceinture, ce qui le fit revenir au sol immédiatement…trop immédiatement. En atterrissant, sa cheville droite flancha et lui arracha un cri. Malgré la douleur, il parvint à se saisir de son sabre-laser. La panique se saisit de la petite station et tous fuyaient le lieu du combat.
Malgré son handicap, Jashugan engagea le combat contre son frère. Celui-ci était visiblement guidé par la haine et la vengeance. A chacun de ses coups, Jashugan pouvait sentir ces sentiments guider son bras. Il ne faisait que se défendre ; il ne pouvait faire que ça…jusqu’au moment où, voulant éviter un large coup de Zapan, il sauta en arrière. Trop tard ! Combattre en reculant n’est jamais bon, mais avec une cheville foulée et contre un adversaire entraîné, il n’avait aucune chance. La lame rouge d’enfonça dans sa chair à hauteur de sa cuisse droite. Elle coupa net os et tendons, le rendant unijambiste. A terre, infirme et désespéré, Jashugan tenta une ultime attaque dérisoire. Son frère le désarma comme on enlève un jouet à un enfant. Puis il rengaina son arme :
-« Tu es toujours aussi faible, mon frère. J’ai eu du mal à te retrouver, mais Goren Doz a fini par parler en fin de compte. Je lui avais dit que je finirais par le faire avouer, mais il n’en faisait qu’à sa tête. Il a tant souffert…pour rien ! »
-« Tue-moi Zapan si c’est ce que tu veux, qu’on en finisse ! »
-« J’ai bien envie d’accéder à ta requête, mais…non ! D’après ce que je sais, Goren était ton seul véritable ami. J’attendrai que tu t’attaches vraiment, que tu mettes des années à tisser des liens d’amitié ou d’amour, et je surgirai pour te prendre ceux que tu aimeras. » Il disait ça avec tant de haine et de rancune dans les yeux que Jashugan fut effrayé par tant de cruauté.
-« Tu… tu es devenu un monstre ! »
-« C’est toi le monstre ! Le monstre qui a tué notre père et abandonné notre mère ! Tu ne sais rien de ce que j’ai dû endurer après ta fuite ! La misère totale ! La solitude la plus complète ! Je ne suis resté en vie que grâce à ce désir de vengeance, qui me poussait chaque jour à te haïr un peu plus !! »
Zapan hurlait et sa colère ne semblait pas avoir de limites.
-« Je vais te laisser maintenant, mais sache que tu ne seras jamais tranquille ; où tu seras je serai et…encore un détail… Notre mère est morte le mois dernier ; je n’y suis pour rien rassure-toi, mais j’ai gardé un petit souvenir d’elle. »
Zapan sortit une boite métallique de son manteau. Elle était caractéristique des urnes funéraires de coruscant. Jashugan maudit son frère : sa mère avait toujours dit qu’à sa mort elle souhaitait plus que tout que ses cendres soient dispersées dans l’espace, le « grand tout », comme elle disait, afin de participer aux forces qui régissent cet univers. Le fait que Zapan ait gardé les cendres de leur mère ne signifiait qu’une chose : il voulait aussi garder un moyen de pression sur son frère, qui le pousserait à venir à lui.
Zapan remis sa capuche et, avec un dernier regard où Jashugan entraperçut le Zapan d’autrefois, partit comme il était venu.

Jashugan, grâce à l’argent amassé durant ces années de travail, réussit à se faire poser une prothèse bionique, d’un poids équivalent à sa jambe d’origine. Les questions se bousculaient à nouveau dans sa tête. Zapan était guidé par la haine, soit, mais cela n’expliquait qu’en partie sa supériorité. Ses appuis, son équilibre, ses techniques de combat ; tout cela était le signe que son frère avait reçu un enseignement à la Force. S’il devait protéger les gens auxquels il tenait, il devrait combattre avec les mêmes armes que son frère. Il se replongea alors dans la lecture des ouvrages de son grand-père. Il en avait appris plus sur lui : il était le seul rescapé du massacre des jeunes apprentis jedis par Darth Vader juste avant l’avènement de l’Empire. Il s’était caché pendant le règne de Darth Sidious, puis avait rejoint Luke Skywalker dans la nouvelle Académie qu’il avait créée. Jashugan sourit en pensant quel âge avait Aaron à sa mort ; la Force l’avait gardé longtemps parmi eux. Puis il pensa à Vader : était-il possible de faire revenir son frère sur le chemin de la raison comme l’avait fait Luke pour son père ?

En parcourant les pages d’un livre sur Coruscant, son attention fut attirée par un paragraphe sur le Haut Conseil de la Force. Le livre en parlait comme d’une institution digne de celle de Skywalker, sèrieuse et respectée. Elle formait des jedis , garants de la paix et de la stabilité dans la galaxie. En y repensant, Jashugan se souvint être passé des centaines de fois devant. Sa décision fut prise instantanément : il irait voir cette Académie et demanderait à être initié aux arts Jedis. Un nouveau destin l’attendait. Il avait passé treize années loin de sa planète, et il ne put s’empêcher de penser que tout cela avait été une perte de temps. Certes, il parlait maintenant plusieurs langages, savait manier plusieurs véhicules, avait appris les traditions de toutes les races qu’il avait rencontré, mais en son fort intérieur il savait qu’il avait toujours été fait pour devenir jedi, comme son grand-père avant lui. Il s’embarqua alors pour Coruscant. Il avait maintenant trente-et-un ans.

En arrivant sur sa planète natale, Jashugan remarqua l’ironie du sort qui le ramenait sur Coruscant. C’était une planète bruyante, polluée et austère, mais c’était chez lui. Jashugan prit la direction de l’académie. En regardant l’imposant bâtiment, il eut la révélation que son destin était là, entre ces murs. Il franchit le palier fébrilement ; l’entrée débouchait sur une bibliothèque titanesque. Des milliers de livres cotoyaient des millions d’holo-disques. Il avançait, admiratif de l’architecture du lieu. Un homme était là, penché sur une borne de consultation des archives. Sa carrure était impressionnante, il avait le teint mat et de longs cheveux, ramassés en espèces de nattes grossières. Il tourna la tête vers Jashugan, prenant conscience de la présence de quelqu’un :
-« Bonjour, je me nomme Yaleck ; puis-je vous aider ? »
-« Bonjour, Maître Yaleck ; je … je voudrais intégrer votre académie. »
Yaleck partit dans un fou rire bruyant que l’immensité du lieu ne fit qu’amplifier. Ne comprenant pas la raison de son hilarité, Jashugan lui demanda :
-« Je…je suis trop vieux, c’est ça ? »
-« Hahaha….non non pas du tout, mais...(reprenant son sérieux avec peine) je viens moi-même d’intégrer l’académie et il se passera plusieurs cycles avant que je ne devienne Maître. Mais (reconsidérant la question avec sérieux)…ça sonne bien ! Maître yaleck… »
-« Pardon…comment dois-je vous appeler alors ? »
-« Yaleck suffira. Je suis le padawan de Maître Execut, membre du conseil. Viens je vais te donner le formulaire d’inscription. Ne t’inquiète pas il n’y a pas de questions indiscrètes. »
Jashugan remplit son dossier avec application mais resta succinct quant à son histoire personnelle. Il s’inscrivit sous le nom de Sunblade et non de Izmir, le nom de son père ne signifiant plus rien pour lui. Puis Yaleck lui fit visiter l’académie ; l’endroit était sombre mais bientôt ses yeux s’habituèrent à cette ambiance feutrée. En pénétrant dans la salle de cérémonie, Jash fut soufflé par la demesure de l’endroit : on aurait pu y mettre une dizaine de navettes impériales ! La visite se poursuivit et Jashugan comprit que cet endroit était idéal pour comprendre, s’entraîner, méditer. Seuls les ascenseurs paraissaient ne jamais devoir fonctionner correctement…
Progressivement, Jashugan se méla aux membres de l’Académie, prit part aux conversations et aux activités, et commença à s’entraîner intensivement au sabre-laser.
Parfois, des représentants d’autre académies venaient rendre visite au HCF. Ce fut le cas ce jour là. Le maître de l’Académie des Sabers Of Hope, Dark Liberty, accompagné d’une charmante Jedi nommée Adeline venaient confronter leurs aptitudes à celles des membres de l’Académie. Pendant qu’il s’entraînait durement (tout en comprenant que son niveau était faible), Jashugan ne se doutait pas qu’il était observé. Il fut surpris de recevoir une invitation de leur part à visiter leur Académie. Désireux de comparer, et bien qu’il se sentît bien chez HCF, il accepta.
Leur Académie était très grande, mais plusieurs choses le choquèrent : les prisons, les chambres de torture…et le rancor qui vivait sous le tribunal, véritable épée de Damocles inversée.
Tout cela démontrait que les SOH, sous couvert d’un nom évocateur, épousaient le culte sith. Et puis Jashugan n’aimaient pas la façon dont Liberty parlait de l’Académie HCF. Il essayait de la rabaisser, prétextant qu’il était lui-même plus fort que tous les membres du conseil, et que si Jashugan suivait leur enseignement il serait lui-même un mauvais combattant. Sa manœuvre était claire : il voulait que Jashugan les rejoigne. Il prit un temps de réflexion de politesse puis refusa gentiment leur offre.
Cependant il continua de leur rendre visite régulièrement. C’est dans ces circonstances qu’il fit la connaissance d’Aalya, de Merlin, et…d’Elissane. Jashugan n’avait jamais beaucoup cottoyé de Twi-leks. Evidemment leur beauté et leur grâce sont légendaires, mais c’est en rencontrant Elissane qu’il en prit conscience. Mais au-delà de sa grande beauté, celle-ci donnait immédiatement l’envie de la protéger. Son apparente fragilité cachait en réalité une âme forte à l’intelligence affûtée et à la détermination la plus absolue. Jashugan sentit en elle une cicatrice invisible, la cicatrice du souvenir. Cela lui rappela que la sienne n’était pas encore refermée, et que les membres de sa nouvelle famille voyaient le risque d’être menacés par Zapan .
Alors son entraînement s’intensifia, et bientôt il sentit que son travail payait. Des adversaires d’entraînement qu’il croyait ne jamais pouvoir battre commencèrent à faire les frais de son travail acharné.
Peu de temps après, et à force d’assiduité, Jashugan fut convoqué par le Conseil. Maître Boss Ti O’Nah et Maître Sius l’attendaient dans la salle du conseil. Maître Ti O’Nah était le seul représentant que Jashugan connaissait d’une race inconnue et mystèrieuse. Mais la Force était puissante en lui. C’était quelqu’un d’amusant et d’attachant ; sa maîtrise de la force et les conseils qu’il avait prodigués à Jash avaient fait de lui son mentor officieux, et celui-ci avait maintenant la même estime pour lui que pour Qui-Gon Jinn. Il prit la parole :
-« Apres délibération du Conseil, Jashugan, nous avons décidé que… »
Maître Sius poursuivit la phrase :
-« Tu es trop vieux pour commencer ta formation. »
Jashugan sentit le monde s’écrouler autour de lui. Il avait fait tant d’efforts pour arriver à ça ? Il s’apprêta à protester.
-« Je plaisante bien sûr. », dit Maître Sius.
Maître Sius venait d’une planète lointaine de l’autre côté de la Galaxie. A cet instant Jashugan, soulagé, se dit que l’humour local était très loin du sien.
-« Nous avons donc décidé, poursuivit Maître Ti O’Nah, de t’accepter comme padawan dans notre Académie. Tu suivras l’enseignement Jedi, tu apprendras les voies de la Force. Pour te guider dans cette lourde tâche, nous t’avons donc assigné un maître. Et ce maître sera… »
Jashugan sentit son cœur se serrer ; peu lui importait qui serait son Maître, mais son inconscient lui criait qu’il préférait les deux hommes en face de lui.
-« Moi ! », finit Maître Ti O’Nah.
-« Pas de chance , poursuivit Maître Sius.»
La joie de Jashugan était immense. Il serait padawan sous la baguette d’un membre du conseil pour lequel il avait du respect et de l’admiration.

Jashugan entendit une voix lointaine lui parler :
-« ouhou !! Jash ? Tu m’entends ? »
Dans sa méditation, il avait perdu la notion du temps et de l’espace ; il ouvrit les yeux calmement et sourit en voyant Elissane le regarder, inquiète.
-« Jash ? Ca va bien ? »
-« Oui oui ne t’inquiète pas, je…je me suis endormi je crois… »
-« J’ai failli te tirer un poil de ta barbe pour te réveiller, tu sais ? »
-« Ne fais jamais ça si j’ai mon sabre-laser avec moi ! »
-« Et bien puisque tu l’as là, et que moi aussi, si on allait s’entraîner au lieu de rêver à je ne sais quoi ? »
-« Vas-y je te rejoins… »
-« D’accord, mais ne te rendors pas, sinon je te rase entièrement ! »

En regardant Elissane partir, Jashugan fut plus motivé que jamais pour faire barrage à son frère. Et si il n’acceptait pas de revenir à la raison, il mourrait. Sa méditation lui avait permis de revenir à la sérénité propice à sa formation. Dans sa tête, il referma le coffre des souvenirs ; il se tournait désormais vers son avenir.

Son chemin commençait. Il serait semé d’obstacles mais l’amour des siens guidait son cœur, la discipline son esprit, et la Force son bras.

 

II. Le coffre des pensées

Jashugan cherchait un endroit où il pourrait être au calme. Depuis l’arrivée de nombreux postulants, il n’y avait plus moyen d’être tranquille dans l’Académie. Même la salle de méditation n’était plus le havre de paix qu’il recherchait. Heureusement la salle de détente située en face de la cantina n’était pas aussi prisée. Il aimait venir là et observer le trafic de la ville, laissant aller son esprit dans toutes les directions, un peu comme la circulation sur Coruscant. Il s’installa devant la large vitre et commença à faire un point sur sa situation depuis son intégration dans l’Académie, ouvrant ainsi le coffre de ses pensées.

« Voilà plus d’un mois maintenant que je suis ici, et tant de choses se sont passées…Je me suis fait plus d’amis que dans ma vie entière. Je m’entends bien avec tout le monde, et j’essaie d’apaiser les tensions quand il y en a. Arrondir les angles n’est jamais facile, mais je tente de faire de mon mieux pour que tout le monde s’entende. Je le fais naturellement, et c’est peut-être la violence de ma vie passée qui me guide en cela. En tout cas, cela a grandement compté dans le choix de ma voie. Je ne pense pas avoir été influencé par la voie que mon Maître a lui-même choisie. Je sens que c’est ma voie, c’est tout. Mon grand-père avait un rôle diplomatique au Sénat également, d’après ce que j’ai lu en lisant son petit carnet.
Ce petit carnet est étrange, d’ailleurs. Il était dissimulé entre 2 reliures d’un livre holographique. Il y a pas mal de notes sur lui et sa vie, et tout cela est fort intéressant, mais…certaines parties sont écrites dans une langue qui m’est inconnue. J’ai bien fait des recherches dans la base de données de l’Académie, mais sans résultats. Pourtant, celle-ci contient plus de six millions de formes de communications. Les droids protocolaires ont donné le même résultat. Tiens ! C’est peut-être une sorte de code ? Dans ce cas il faudra que j’en trouve la clé. Je demanderai à mon Maître, son savoir est grand.

« -Tu viens de faire connaissance avec ton côté obscur, Jashugan. Maintenant que tu l’as identifié, il te sera plus facile de le réprimer … »

Il suggérait par là- même que chacun de nous possède sa face sombre, mais que nous devons la neutraliser, livrant un combat incessant contre notre nature. Plus tard, en parlant avec le Comte Dooku de cet incident, j’ai comprit que la frontière est plus mince que je ne l’aurais pensé…


Zapan n’a plus donné signe de lui, mais je ressens sa présence sur Coruscant. Je ne peux l’expliquer, mais je crois qu’il est là, tout près. Je dois rester vigilant ; et je n’attendrai pas les bras croisés qu’il y ait une nouvelle victime. Je devrait bientôt partir à sa recherche ; Boss sera sûrement contre, aussi ne lui en parlerai-je pas. Tiens! Voilà Drummer…

« -Alors mon Jashinou choupinou, on boude dans son coin ? »
« -Tu sais, mon Druminnou, à force de se donner des surnoms ridicules, on va finir par croire qu’il y a vraiment quelque chose entre nous…Allons, viens plutôt t’entraîner. »
« -Je suis là pour cela même, mon ami… » »

En jetant un dernier regard à l’extérieur, Jashugan eut l’impression très nette d’être observé…mais il se détourna, refermant ainsi le coffre des ses pensées.


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A mesure que le temps passait, sa complicité avec certains membres de l’Académie ne fit que croître. Ainsi, Yaleck, Drummer, Shaï, Math, Arcann, Mas, Le Comte Dooku et Maître Sius devinrent ses amis les plus proches. Et puis, il y avait Elissane… Etrangement, quand Jashugan ouvrait le coffre de ses pensées, c’était celle qui sortait en premier. Son rôle de « grand frère » ne l’avait pas géné jusqu’à maintenant, mais quand il la voyait évoluer dans l’Académie, quand il croisait le bleu intense de son regard, quand le sien se posait sur ses formes parfaites, quand elle riait, il sentait son cœur se serrer. Il avait honte de ses pensées, et il les chassait dès qu’elles apparaissaient ; mais autant envoyer du sable en plein vent : il vous revient toujours à la figure. Bien sûr, il avait connu quelques filles dans son passé sur Coruscant ou Kashyyk, mais malgré son âge le vrai amour lui était encore inconnu. Prenant conscience que cela l’empêchait de se concentrer sur sa formation, Jashugan décida alors de soigneusement éviter Elissane, espérant que cela lui passerait.
Celle-ci s’en aperçut rapidement et chercha à en savoir plus ; mais Jash ne trouvant pas ses mots et la repoussant délibérément, Eli fut peinée par ce manque de franchise qu’elle prit pour de l’indifférence…et décida de l’ignorer également.

Pour oublier ses tracas, Jashugan avait l’habitude de bricoler dans le hangar à vaisseaux. Il avait au moins hérité ça de son père. En s’y rendant ce même jour, il trouva Elissane endormie sur l’un des vaisseaux. Il se rapprocha silencieusement pour ne pas la réveiller, et la regarda dormir là pendant un long moment, ne pouvant décrocher son regard de son visage. Il aurait voulu que cet instant ne s’arrête jamais. Cependant Elissane parla pendant son sommeil :

« -……..mon père…….. »
« -…………… Maître Sius…………… »
« -………..Jashugan……………. »
« -……….grand frère……….. »

Ne prêtant pas d’attention aux propos sur Sius, Jashugan prit conscience de sa stupidité : Elissane ne le verrait jamais que comme son grand frère, et c’était peut-être mieux comme ça…Il prit une couverture dans un des vaisseaux et la posa délicatement sur elle :

« -Dors, petite sœur : grand frère veille sur toi… »

Tandis qu’il s’apprêtait à rejoindre ses travaux mécaniques, Elissane prononça un dernier mot dans son sommeil :

« -………Non……..Zapan……….. »

A l’énoncé du nom de son frère, Jashugan sursauta comme s’il était apparu en face de lui. Pouvait-elle le connaître ? Impossible ! L’avait-il déjà approchée ? Les questions se bousculaient dans sa tête. Il prit conscience que le danger était sans doute plus proche qu’il le pensait, et décida en un instant de partir à la recherche de son frère. Il ne menacerait pas impunément quelqu’un de son entourage. Shaï arriva à cet instant :

« -Shaï, je vais te demander un immense service….. »
« -Tu m’inquiètes là, Jash… »
« -Je voudrais que tu me prêtes ta navette, s’il te plaît. »
« Hey, c’est MA navette ! Pourquoi en as-tu besoin ? »
« -Je… j’en ai besoin, pour une affaire…importante… »

Shaï perçut la détresse de son ami. Il était très fier de sa navette et s’il la prêtait, c’était vraiment qu’il avait confiance :

« -C’est bon…Mais tu me la ramènes sans une égratignure hein ? »
« J’y ferai attention, promis sur…ce que j’ai de plus cher…. » Son ton était grave.

Le démarrage de la navette fit sursauter Elissane qui se réveilla. Elle demanda à Jashugan :

« -Mais où vas-tu ? »
« -Je…je vais voir un vieil ami. A plus tard ! »
« -Mais at…. »

Trop tard, la lourde porte s’ouvrit et le vent s’engouffra, faisant virevolter les lekkus d’Elissane. Et Jashugan partit.

A deux pas de là, Zapan rangea ses jumelles. Il attendait cette occasion depuis longtemps. Empoignant son sabre, il prit la direction de l'Académie en murmurant: - " A nous, petite Twi-lek!".

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Jashugan ne trouva pas son frère. Il percevait sa présence mais elle était diffuse, et il ne parvenait pas à en trouver la source. Il tourna dans la ville-planète une bonne partie de la nuit puis revint, fatigué par les efforts de concentrations qu'il avait dû déployer.
A son retour il trouva l’Académie étrangement calme. Il croisa Shaï et vit tout de suite que quelque chose n’allait pas :

« -Tout va bien Shaï ? »
« -Et bien il y a eu un petit problème…un entraînement un peu poussé et…Elissane a été blessée… »
« -Quoi ? » Jashugan se rua à l’infirmerie sans attendre les explications de Shaï. En rentrant il vit Elissane, inconsciente, un large bandage lui entourant tout le haut du corps, et reliée à des appareils médicaux.

Il se retourna vers Shaï, redoutant le pire :

« -Comment va-t-elle ? »
« -Ne t’inquiète pas, elle va s’en remettre rapidement, le diagnostic n’est pas inquiétant… »
« -Mais que s’est-il passé ici ? »
« -J’ai…voulu augmenter un peu le niveau des combattants bots en trafiquant la console de commande, mais l’un d’eux m’a échappé… »

Si Jashugan n’avait pas été aussi inquiet, il aurait tout de suite perçut le mensonge de Shaï.

« -Tu te rends compte Shaï ? Ca aurait pu la tuer !! »
« -Oui…je sais ….je…je suis désolé Jash… »
« -Je n’en dirai pas un mot au conseil, mais garde toi bien de recommencer ce genre de choses ou tu le regretteras amèrement, crois-moi… »

Shaï ne dit plus rien et il se passa un long moment pendant lequel les deux padawans regardèrent Elissane.

« -Bon, tiens, l’holo-clé de ta navette. Merci encore. »

Jashugan partit avant de céder à la colère. Il était très loin de se douter que son frère était responsable de l'incident.


Elissane récupéra plus vite qu’on aurait pu l’espérer, et deux jours plus tard elle était enfin admise au sein de l’Académie, en tant que padawan de Maître Sius. Jashugan n’y était pas pour grand-chose car elle avait montré sa détermination elle-même, mais il ne pouvait s’empêcher d’éprouver un sentiment de fierté.

Il avait retrouvé malgré tout une certaine sérénité, mais il la savait précaire. Pour retrouver sa plénitude, il savait qu’il devait déjà faire le deuil de sa mère. Hors, il s’y refusait tant que son frère serait en possession de ses cendres. Il savait que l’affrontement inéluctable approchait : ce serait à mort, ce serait à vie, ce serait seuls.

Il savait aussi que la Force serait son ultime alliée dans ce combat fratricide; mais son arme la plus forte, en ce moment décisif, il en était certain, serait l’amour des siens.

III. Le coffre des rêves

Zapan avançait vers son frère, un sourire mauvais sur les lèvres. Jashugan voulait fuir, mais il était paralisé, impuissant face à tant de puissance, à la merci de celui qui avait juré sa perte. Puis Elissane arriva, voulant s’interposer, mais le sith toujours avait l’avantage. Jashugan, passif et désespéré, regarda son frère passer sa lame au travers du corps de son amie, mais il ne pouvait même plus crier. Celle –ci s’effondra à ses pieds. Puis Zapan se tourna vers lui :

« -Il est temps d’en finir, jedi ! »

Et Jashugan vit sa mort arriver sur lui, et un éclair rouge l’aveugla. Il se sentit tomber au sol, sa main se posant sur celle de l’être qui lui avait été le plus cher dans ce monde.

« -NOOOOONNNNNNN !!!!!!!! »

Il se réveilla en sursaut dans sa petite chambre de consulaire. Trempé de sueur, il se leva, sachant que le sommeil ne reviendrait plus. Depuis cinq jours, il faisait toutes les nuits le même cauchemar; depuis cinq jours, le doute le hantait. Jashugan était entre le désespoir et la colère. Les graves évènements survenus dans l’Académie l’avaient complètement perturbé (
voir les récits D’Elissane, de Sius et Doryan). Le visage d’Elissane, quand il avait allumé son sabre-laser pour faire barrage à Sius, possédé par un esprit Sith, restait gravé dans sa mémoire. Pourtant, si ç’était à refaire, il n’hésiterait pas une seconde. Elissane voulait protéger le seul parent qu’il lui restait, mais cet homme n’était plus son père, et il pouvait lui faire du mal.
Malgré tout, quand elle décida de poursuivre son père, Jashugan ne fit rien pour la retenir. Lui avait fuit son destin et le regrettait à présent ; il ne pouvait pas l’empêcher de courir après le sien. Malgré ses sentiments pour elle, il respectait sa décision et admirait le courage dont elle faisait preuve. Mais il estimait qu’elle devait affronter seule cette épreuve.


La vie à l’Académie avait continué malgré tout : de nouveaux postulants étaient arrivès, puis, ayant donné satisfaction, avaient été intégrés. Ainsi Wario, Soma et Dakara étaient les nouveaux padawans des Maîtres Snake, Doryan et Boss. Shaï et Math étaient devenus également tous deux des jedis gardiens, et on avait vu revenir d’une mission périlleuse Maître Execut.
Cependant plus les jours passaient plus l’inquiétude de tous les membres grandissait. Personne n’avait de nouvelles ni de Sius, ni d’Elissane. Jashugan regrettait d’avoir laissé partir seule son amie. Azimire, son demi-frère nouvellement révélé, n’avait pas eu plus d’informations. Quelques jours plus tard Elissane avait enfin envoyé enfin une transmission d’Ord Mantell qui, même si elle était brouillée, avait le mérite de prouver qu’elle allait bien :

Début de communication : ...........ffrrrrrrrrrrrr.....................rive pas................joindre.........................vé hangar 1066........................d'Mantell.......................fffffffrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrr..................................trafic vaisseaux...........guerre...........vous m'entendez ?..........ils l'ont eu ici...............hommes.........Dark Som.........Doryan av..........raison.......................Père................sur Korriban..................ffrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrr.....................................................................................Quelqu'un m'entend ?..........................mer...............................sais pas où aller...........................................frrrrrrrrrrrrrrrrrrr.........................----------------------------------------------------------------------------------------------------
Fin de communication


Puis un second message était parvenu une journée plus tard, plus rassurant :

Début de communication : ...........ffrrrrrrrrrrrr.....................ils m'................explosée ma navett.........................uis cachée........................priorité Père.......................Korrifffffffrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrr..................................me débrouille...........ici pièg...........m'entendez-vous ?...............pas venir..................K Soma trop puissant ..........dernière chance, c'est Doryan peut-être qu'il peut, lui.......................culte sith en place..................................ffrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrr.....................................................................................Quelqu'un m'entend ?..........................c'est pas vrai...............................Maîtres ?... pourquoi je ne vous entends p...................elle idiote je............AAAAAAAAAAAAAAAAAAAA..............frrrrrrrrrrrrrrrrrrr.........................----------------------------------------------------------------------------------------------------
Fin de communication

Jashugan en voulait au Conseil de son inaction, de ne rien faire en apparence pour intervenir et sauver ses amis, mais il savait qu’il n’avait lui-même pas le droit de s’en mêler. Mais il avait malgré tout confiance en Boss, et il savait qu’il était aussi inquiet que lui.


Peu de temps après, Jashugan décida de consulter les archives du système de sécurité de l’Académie, désireux de trouver des éléments qui lui auraient échappés lors de la dernière visite de Sius. Il voulait étudier les vidéos prises par les caméras de surveillance. Wario, Shaï et Maître Seilar l’accompagnaient dans cette démarche. Quand il arriva dans la base de données du système, il constata tout de suite une anomalie :

« -Regardez, ici ! Une alerte intrusion ! »
« -Ce doit être le soir ou le Sith qui habite Sius est venu la première fois », dit Maître Seilar.
« -Non, regardez, ça s’est passé bien avant…Comment cela se fait-il que je ne sois pas au courant ? Mais…mais c’est le soir où Elissane a été blessée !! »

Personne ne dit mot autour de Jashugan et il comprit instantanément ce que cela impliquait :

« Zapan ! Zapan est venu ici et il a attaqué Eli !! Shaï tu… »
«-Ecoute Jash, Eli m’a demandé de ne rien dire et j’ai pensé également que ce serait mieux pour toi que tu ne le saches pas. Je…Je suis désolé… »

Shaï baissait la tête, gêné d’avoir menti à un ami. En la relevant il remarqua avec stupeur le regard haineux de Jashugan. Mais celui-ci ne lui était pas adressé. Jash pensait à son frère qui ne l’était plus, à ce Sith qui voulait corrompre sa vie et arracher à celle-ci ce qu’il y avait de plus beau.
Il se leva sans un mot et pris la direction du hangar. Maître Seilar l’interpella :

« Jashugan, tu ne vas pas faire de bêtise ? Shaï n’a pas… »
« -Shaï a agit exactement comme j’attends qu’un ami le fasse. Je ne t’en veux pas, mais ça ne change pas le problème…Je vais faire un tour… »

Il prit une des navettes de l’Académie et partit, plus pour se changer les idées et faire le point que pour « faire une bétise ». Il avait l’impression que sa vie était sans but et que jamais il ne connaîtrait la tranquilité.
Quand il revint quelques heures plus tard, il croisa de nouveau Wario, Shaï et Maître Seilar. Une nouvelle fois, son instinct lui souffla que quelque chose n’allait pas. Maître Seilar s’avança vers lui :

« -Ecoute Jashugan, inutile de te le cacher, nous…avons eu de la visite en ton absence… »
« -Zapan est venu ici une nouvelle fois ? Que s’est-il passé ? Qu’a-t-il dit ? Que veut-il à la fin ? »
« -Il…voulait te fixer un rendez-vous »
« -C’EST EXACT !!!!! »

Jash reconnu la voix de son frère, et un frisson lui parcourut l’échine. Il apparut dans le hall de l’Académie, se promenant insolemment et impunément dans celle-ci. Maître Seilar et les autres jedis encerclèrent le nouveau venu, déterminés à ne pas le laisser repartir.

« -Alors, on embrasse pas son grand frère ? Tu me déçois beaucoup…Effectivement je voulais juste te transmettre un message mais j’avais peur que tes « amis » n’aient même pas les capacités pour le faire correctement. Donc je viens te le donner de vive voix. »
« -Je t’écoute, Zapan… »
« -Je ne vais pas passer ma vie à te courir après, Jashugan, et d’autres…devoirs m’appelent. Aussi je te propose de régler ça…entre frères. »
« -Je ne te reconnais plus comme mon frère, ordure ! Le simple fait que tu aies porté la main sur Elissane signifie bien que le Zapan que j’ai connu est mort depuis longtemps. »
« -Soit ! Mais souviens-toi que le même sang coule dans nos veines, même si j’ai du mal à le croire…Peu importe ! Dans cinq jours, je t’attendrai là- même où TU as provoqué notre perte à tous les deux, là où TU as décidé de nos destins, là où Tu m’as permis de devenir un Sith puissant et redouté sur d’autres mondes, là où TOUT a commencé, et là ou TOUT finira… »
« -Je ne viendrai pas, Zapan, ton piège est bien trop gros. »
« -Oh mais si tu viendras ! Je te le garantis ! »
«-C’est assez !- intervint Maître Seilar- Jash n’ira nulle part et toi non plus, Sith ! Tu t’es attaqué à des membres de notre Académie, et je ne crois pas que ça te permettra de repartir d’ici »

Joignant le geste à la parole, Seilar se précipita sur l’ennemi, suivi de ses apprentis. Mais même à plusieurs, la puissance de Zapan paraissait sans limites : il repoussa d’un simple geste circulaires tous ses assaillants. Jashugan se vit projeté contre le mur derrière lui, se cognant la tête sèrieusement : dans un brouillard de plus en plus dense, il entendit : « Dans cinq jours… » et perdit connaissance.

Il se réveilla à l’infirmerie, le crâne bandé. Sa blessure n’était pas grave mais l’obligeait à garder le lit. Il reçut la visite de Maître Seilar, qui lui conseilla de ne pas se rendre dans ce guet-apens, où au pire d’y aller accompagné.

Les cinq jours s’écoulèrent. Jashugan faisait toujours le même cauchemar, se demandant s’il aurait droit aux rêves, plus tard. Il avait fait le point sur la proposition de son frère, pesant le pour et le contre. Il avait pris sa décision : personne ne pourrait se mettre sur sa route, c’était son destin d’affronter son frère. Il avait décidé de ne plus fuir son destin, de s’y confronter avec toute la détermination dont était capable un Jedi. Il laissa un message à son Maître :

« Maître, à l’heure où vous lirez ces lignes, je ne serai plus dans l’Académie. J’ai décidé d’enfin affronter mon destin ; je le fuis depuis trop longtemps et j’ai vu qu’il vous rattrape toujours. Mon frère m’attend, quelque part, pour notre affrontement final. J’ai tout fait pour l’éviter mais je vois à présent que cela a été inutile. Ne m’en veuillez pas, Maître, mais je suis sûr que vous comprendrez ma décision. Si je venais à ne jamais revenir, je voudrais que vous preniez soin d’Elissane pour moi. Dites- lui que ce n’est pas pour elle que je suis parti, mais pour moi. Votre formation me sera d’un grand secours dans cette épreuve, et je voudrais vous remercier pour cela.

Puissions-nous nous revoir.

Jashugan. »

Puis, discrètement, il prit quelques affaires, sortit de l’Académie par la bibliothèque et vit le jour se lever sur Coruscant. Il pensa que c’était peut- être son dernier jour parmi les siens, peut–être même le dernier jour de sa vie.

Empruntant la large avenue située devant le Haut Conseil de la Force, il avançait dans le soleil levant, sa chevelure balayant son visage fatigué mais affichant la sérénité d’un homme soulagé qui vient de prendre une décision capitale. Sans se retourner, il avançait pour la première fois vers son destin, vers sa mort peut-être, mais vers la liberté sûrement. Il pensa malgré tout à tous les amis qu’il laissait derrière lui :

« -Je pars, mes amis, peut-être nous reverrons-nous… »

Puis ses pensées se focalisèrent en un instant vers le combat de sa vie :

« Zapan, me voici ! »

IV. Le coffre se referme

Je m’entends de mieux en mieux avec lui. Il est très occupé, et je déplore parfois que nous ne voyions pas plus souvent. Cela dit, ma situation est enviable quand je regarde celle de Yaleck. Il s’entraîne dur et ses progrès sont visibles, et même si son style me faisait rire au début, après quelques duels contre lui, je ne ris plus maintenant. Son maître, Execut, est absent depuis longtemps pour une mission importante, et cela lui pèse terriblement. J’essaierai d’aller le divertir quand je le verrai comme ça. Une blague sur ses cheveux le fera sûrement sourire, et cela le détournera de ses pensées.
Mon entraînement avance bien malgré tout ; les leçons de Boss me profitent et je travaille encore et toujours chacun des mouvements qu’il m’enseigne, jusqu’à les exécuter parfaitement. Evidemment, ce travail est ingrat et mes victoires en entraînement peu nombreuses, mais cela est nécessaire pour me perfectionner. Parallèlement j’essaie de développer mon style personnel, mélangeant ainsi plusieurs styles de combat. Plusieurs partenaires de combat m’ont déjà dit qu’ils croyaient se battre contre Boss en m’affrontant, et je l’ai pris comme un immense compliment.
Cela dit, je suis encore très loin de son niveau, et je ne l’ai que rarement battu. Je crois que mon admiration pour lui m’empêche de bien le combattre. En commençant un combat contre lui, je suis toujours tendu et une pression terrible s’abat sur moi, m’empêchant de développer mon plein potentiel. Cela ne me le fait pas en croisant le sabre contre Maître Sius par exemple… Une seule fois, pourtant, cette pression était telle qu’elle a fait exploser ma réserve. J’étais tellement dépité de voir avec quelle facilité mon Maître me battait que mon énervement m’a fait me dépasser. J’étais comme possédé par une haine que je focalisais sur lui mais qui était en réalité tournée vers moi-même. Cette haine m’a transcendé ; je n’avais plus qu’une idée en tête : tuer mon Maître. Tout le reste avait disparu et chacune des cellules de mon être était tournée vers cet objectif. De fait, ce sentiment m’a procuré une sensation de puissance comme je n’en avais jamais connue, et mes aptitudes de combat s’en sont grandement améliorées sur le moment. Sentant cette haine qui m’habitait, Boss m’avait calmé grâce à des mots simples et je redevins le Jashugan calme et posé que l’on connaît. Boss m’annonça alors :

Zapan faisait les cents pas en haut de l’immense structure où il attendait son frère. La méditation n’avait jamais été son fort, et même si les siths s’y adonnaient parfois, il laissait ça aux jedis. Cependant, il fallait bien combler cette attente. Il s’assit au bord du vide, contemplant de haut le quartier de son enfance, ou plutôt ce qu’il en restait. Lui-même avait été surpris par les nombreux changements ; en fixant rendez-vous à Jashugan dans la maison familiale, il avait négligé tout le temps qui s’était écoulé depuis leur départ. Tout le quartier avait été rasé, et désormais une fonderie à ciel ouvert se dressait à la place des misérables maisons où ils avaient évolués jadis. D’épaisses fumées venues des cuves de métal recouvraient tout cette zone, et l’air, chaud et suffoquant n’était que difficilement respirable. A la place exacte de leur maison se tenait maintenant un bâtiment titanesque au sommet duquel se trouvait une immense aire d’atterrissage technique circulaire. C’est là qu’il avait choisi d’attendre son frère. Zapan remarqua l’ironie du destin qui les ferait s’affronter en cet endroit qui paraissait prévu pour ce duel. Il avait bien étudié les lieux, remarquant chaque trou, chaque aspérité du sol, chaque projectile potentiel. Oui décidément, cet endroit avait bien changé… tout comme lui. Zapan n’aimait pas penser à son passé, et pourtant, en ce moment critique, tout l’y ramenait.

A la mort de son père, il crut devenir fou. Il passait tout son temps avec lui à l’époque, et il éprouvait pour lui une admiration sans bornes. Ses connaissances en mécanique de précision et en électronique, il les avait mises au service de son fils. Car en mettant un jour le petit Zapan aux commandes d’un speeder de sa compagnie, Hamon avait tout de suite vu ses prédispositions au pilotage. Ses réflexes, la façon dont il anticipait les obstacles, tout laissait penser qu’il ferait un jour un grand pilote. De ce jour, Hamon Izmir n’eut de cesse de faire vivre ce rêve. A l’insu du reste de la famille, il avait investi dans un module de course d’occasion qu’ils venaient retaper tous les jours. Il « ramenait » ce qu’il pouvait de sa société de navettes, tandis que Zapan arpentait les casses à la recherche de pièces.
Ils arrivèrent ainsi au bout de quelques années à monter un excellent module, léger et puissant, capable de rivaliser avec les meilleurs engins de la Galaxie. Hélas, les droits d’inscription pour ce genre de course étaient exorbitants, et Hamon dut se résoudre à emprunter cet argent, s’endettant à vie en cas d’échec. Malheureusement, la mort d’Hamon était intervenue la veille même de la première course.
Zapan passa rapidement dans sa tête les étapes qui l’avaient conduit à devenir ce qu’il était. Il avait quitté le foyer, avait vécu de rapines, de meurtres et de méfaits divers, ne voulant plus rien avoir à faire avec sa famille. Son frère avait fui, mais Zapan s’était fait le serment de se venger, dut-il y laisser sa propre vie. Sa mère lui avait tout révélé du passé de jedi de son grand-père, et il avait pressenti à cet instant que son frère, emportant le sabre-laser d’Aaron SUNBLADE, deviendrait un jour un jedi.
Dès qu’il en eu l’occasion, Zapan rentra au service d’un Seigneur noir, voulant à tout prix prendre le contre-pied de Jashugan. Il se remémora en un éclair ce passage douloureux de sa vie, revoyant son Maître Sith dont il ne voulait même plus se rappeler le nom. Il pensa aux innombrables épreuves qu’il avait dû traversé, aux douleurs insurmontables qu’il avait enduré, à la morsure du fouet- laser qui avait profondément entaillé sa chair. Plus d’une fois il avait douté : son désir de vengeance justifiait-il toutes ces souffrances? Il avait décidé que oui.
Désormais ses armes étaient la cruauté, la perfidie et la torture. Grâce à cela, une fois sa formation achevée, il lui avait été facile de retrouver la trace de son frère. Il avait été déçu de voir que celui-ci n’était pas devenu un jedi comme il l’espérait. Mais désormais c’était différent : il percevait l’aura de jedi de Jashugan à de grandes distances, et il savait qu’il était devenu en peu de temps un jedi puissant.


C’est à ce moment de ses réflexions qu’il perçut la présence de son frère. Trop absorbé par ses pensées, il ne l’avait pas senti approcher ! Se reprochant son manque de vigilance, il se retourna en un éclair. De lourds nuages de fumée grisâtre venus de la fonderie balayaient l’aire d’atterrisage. Une rafale de vent les emporta et laissa apparaître Jashugan ; ses cheveux parcouraient son visage au gré des bourrasques glaciales, et il tenait fermement son sabre dans sa main droite.

« - Me voici, Zapan... Entend la voix de la raison, ou je devrai te tuer »
« - La voix de la raison ? Dis-moi, Jashugan, est-ce la voix de la raison qui t’a poussé à tuer notre père et à fuir tes responsabilités, abandonnant notre mère aux créanciers ? »
« - Zapan… Il a voulu me tuer ! Devais-je me laisser faire ? Je n’ai fait que me défendre. C’était une brute alcoolique, mais c’était mon père aussi... Je suis encore rongé par le remord aujourd’hui…mais il m’a obligé à le faire. »

Jashugan pointa un doigt menaçant vers son frère :

« - Ne commet pas la même erreur ! »

Zapan considéra l’avertissement, presque effrayé par la détermination affichée de son frère :

« - Il est un peu tard pour ça, non ? »
« - Il n’est jamais trop tard, Zapan. Je suis prêt à te pardonner tes crimes si tu acceptes de te repentir. Je…je sens encore du bien en toi, mon frère. Oui, je le sens, tu luttes contre ton désir de vengeance. »

Puis, joignant le geste à la parole :

« -Accepte cette main que je te tend. Mon Maître et l’ensemble de mes frères accepteront de t’aider à revenir dans le droit chemin. »

Jashugan gardait sa main tendue, l’autre serrant son sabre-laser comme jamais. Zapan regarda son frère dans les yeux et sembla hésiter un instant.

« Vous, les jedis, êtes prompts à pardonner. C’est une faiblesse que je comprends mal, et que je n’aurai pas le tort de commettre. J’aurai pu devenir le plus grand pilote de modules de courses de la Galaxie ! Tu m’as volé mon destin ; tu ne me voleras pas ma vengeance, c’est tout ce qui me reste. »

Jashugan laissa tomber sa main. Il avait cru pouvoir ramener son frère du bon côté. Maintenant son être tout entier devait se tourner vers le combat.

« - Et bien soit ; tu as fait ton choix, Zapan. »
« - Le côté obscur me ronge depuis trop longtemps, Jash, et à mon sens tous les jedis doivent mourir. Et puis, tu as même renié ton nom ; tu es un SUNBLADE maintenant : affronte la colère d’un IZMIR. »

Zapan enleva son épais manteau, laissant apparaître les tatouages siths qui ornaient son torse. Cependant ceux-ci ne cachaient qu’à grand mal les cicatrices innombrables qui parcouraient son corps. Jashugan pensa un instant aux soufrances que son frère avait dû endurer. Puis Zapan sortit l’urne funéraire de Jolane SUNBLADE et la posa sur le sol. Il releva les yeux vers son frère ; plus que jamais ceux-ci étaient emplis de haine et de colère.
Jashugan le premier alluma son sabre, affichant ainsi sa détermination désormais sans faille. La lame rouge sortit à son tour, donnant le coup d’envoi de ce duel fratricide.

D’emblée, Jashugan sauta sur son adversaire, ne voulant pas lui laisser l’initiative. Zapan esquiva sans peine cette première attaque, puis le combat s’engagea réellement. Jashugan fut surpris par le style de combat de son frère ; il n’avait jamais connu ça. Ses esquives notamment étaient tout simplement remarquables. Quand il croyait enfin le tenir, Zapan lui échappait grâce à une acrobatie insoupçonnable qui révélait une souplesse surprenante. Là aussi, Jash pensa aux douleurs qu’il avait dû endurer pour arriver à ce résultat.
Il chassa ces pensées parasites pour se focaliser tout entier sur l’instant présent. La valse des sabres s’entrechoquant s’accéléra. Boss, Elissane, les jedis, plus rien d’autre n’existait pour Jashugan ; que cet instant de transe où ne compte que les mouvements qu’on va faire, la prochaine attaque à porter, la bonne parade à appliquer.
Grâce à sa rapidité, Zapan réussit toutefois à acculer son frère contre un mur. Avisant un tas de barres de métal sur le sol, il les projeta d’un simple jet de Force vers Jash. Non sans mal, celui-ci réussit à les éviter toutes et elles se plantèrent avec force tout autour de lui. Levant un bras avec un sourire mauvais, Zapan fit jaillir de ses mains des gerbes d’éclairs sur son frère. Les barres de fer, disposées tout autour de Jashugan, agirent comme un champ magnétique, l’empêchant de s’échapper de ce piège électrique. Il savait qu’il avait peu de temps ; déjà il sentait son cœur s’emballer et les circuits de sa jambe bionique chauffer. En un instant sa décision fut prise : il n’avait plus rien à perdre. Il commença lentement à absorber ce flux d’énergie, augmentant progressivement cette absorption comme le lui avait appris son Maître. Cela l’aurait sans doute tué en temps normal, mais sa volonté, en ce moment décisif, était plus forte que tout. Il réussit à engloutir entièrement le rayon mortel, allant même au-delà. Zapan stoppa son attaque sur le champ, sentant que son frère avait même réussi à lui prendre de l’énergie.

« - Comment peux-tu ? C’est impossible ! Drainer l’énergie de quelqu’un est une technique Sith ! »

Jashugan se détacha du mur, essoufflé. Ses habits et ses cheveux fumaient et des arcs électriques parcouraient encore son corps. Il paraissait étonné de la question de Zapan.

« - Je ne sais pas…je le peux, c’est tout. »

Zapan se précipita avec rage sur son frère et la vase des sabres reprit de plus belle, opposant la rapidité du style de Zapan à la puissance de celui de Jashugan. Celui-ci déployait toutes les techniques qu’il connaissait, particulièrement les coups sautés qu’il maîtrisait bien.

Cependant l’activité de la fonderie située au dessous continuait, et à présent de larges pièces d’usine fraîchement coulée étaient plongées dans l’eau. D’épais nuages de vapeur remontèrent jusqu’au lieu de l’affrontement. Zapan en profita, éteignit son sabre-laser et disparu dans l’épaisse fumée.
Ne cédant pas à la panique, Jashugan rangea également sa lame et ferma les yeux, ne pouvant plus se fier à sa vue. Ralentissant sa respiration et son rythme cardiaque, il se concentra pour localiser son ennemi. Il resta ainsi quelques minutes, se fiant à ses autres sens pour se protéger, mais en cet instant il ne pouvait vraiment se fier qu’à la force, ses autres sens étant quasiment inutiles. Il sentit subitement un mouvement sur sa gauche; en un éclair il para le coup et sauta en arrière : erreur fatale ! La fumée lui avait caché qu’il était si près du bord de la plate-forme : Zapan n’eut qu’à le pousser dans le vide d’une simple poussée de force. Il bascula.

Toujours concentré malgré son infortune, Jashugan réfléchis à un moyen de stopper sa chute vers les cuves de métal en fusion dont il sentait la chaleur se rapprocher. Mais sa réflexion s’arrêta net quand il se sentit ralentir puis se stabiliser.

« - Comment… ?! »

Il flottait en l’air, retenu par une force qui n’était pas celle de Zapan. Regardant autour de lui, il aperçut un homme à quelques mètres, caché sous la structure de métal. Vêtu d’une toge de jedi, ses cheveux étaient coupés courts, et Jashugan lui donna à peu près une trentaine d’année, peut-être moins. Ses traits étaient très fins; le bleu profond de ses yeux et son sourire mystérieux inspiraient tout de suite la confiance. De toute façon, Jash n’avait guère le choix. Une main tendue vers lui, il le gardait en suspend. Calmement, il porta son autre main à sa bouche :

« - Chhuuuuuttttt…… »

D’un geste, il propulsa Jashugan vers la plateforme d’où il venait. Celui-ci fut étonné par la puissance de cette poussée.
Zapan, resté au bord de l’abîme, ne put qu’être surpris par ce retour inattendu. Il regarda avec incrédulité Jashugan passer comme une flèche au-dessus de lui et retomber au centre de la plate-forme. Voulant profiter de l’effet de surprise, Jash bondit droit vers son adversaire dès sa retombée. Zapan eut la même inspiration : les deux frères fonçaient l’un vers l’autre dans un élan de dernier assaut. Le choc fut terrible. Les deux corps s’entrechoquèrent avec une violence inégalée dans ce combat. Le sabre de Zapan vola dans les airs et tomba dans le vide, propulsé par la violence du choc. Jash fut projeté en arrière et retomba lourdement, sa tête heurtant le sol. Il avait également laché son arme qui se retrouvait maintenant sur le sol, à égale distance des deux frères. Abasourdis par le choc, chacun se relevait tant bien que mal. Ils reprirent leurs esprits au même moment, et au même moment ils entreprirent de faire venir le sabre-laser à eux. Il se retrouva suspendu entre eux, écartelé par la Force de chacun. Jashugan se concentra pour jeter ses dernières forces dans cette épreuve. L’arme vacillait et se rapprochait tantôt de l’un ou de l’autre, véritable indicateur des forces qu’il restait à chacun. Jash se demanda si son sabre allait tenir le coup, tant la tension était extrême. Mais il était plus blessé qu’il ne l’avait pensé, et il sentait le sang couler abondamment de sa tête. Le sabre se rapprochait inexorablement de Zapan. Après un temps infime d’observation et de réflexion, Jash tenta le tout pour le tout, n’ayant pas d’autre choix. D’un coup il lâcha son emprise sur le sabre et celui-ci fila à toute vitesse vers Zapan. Au moment même où celui-ci l’attrapa enfin, Jashugan claqua des doigts : la lame verte jaillit et transperça l’abdomen de Zapan qui s’écroula en un cri de douleur qui sonnait la fin de ce combat que Jashugan n’avait pas voulu. Epuisé, il se traîna comme il put jusqu’à son frère qui agonisait. Il s’aperçut tout de suite de la fatalité de la blessure. Se penchant sur Zapan, il prit sa tête sur ses genoux.

« - Pourquoi ? Pourquoi a-t-il fallu que tu t’entêtes ? »
« - Jash…mon frère… On dit que…au moment de sa mort…on redevient l’homme qu’on est…vraiment. Je le crois…maintenant. »

Jashugan ne disait plus rien, attentif aux dernières paroles de son frère. Des larmes commencèrent à affluer dans ses yeux.

« - Tu es…un grand jedi…maintenant. Me pardonneras-tu….jamais ? »
« - Je te pardonne, oui, mon frère…. »
« - Jash…Ta Twi… »
« - Elissane ? »
« - Oui…Je l’ai connue…au Barbare…mais…je ne l’ai…pas touchée…J’étais encore bien…à l’époque…garde ce souvenir…de moi… Jash… »
« Oui ? »

L’heure fatale approchait et Zapan avait plus de choses à dire qu’il n’en aurait le temps.

« - Sa blessure… Le côté obscur…est puissant en elle… Cette marque…va…accélérer…le processus… »

Zapan murmurait à présent et sa voix était à peine audible. Des spasmes le parcouraient et sa respiration ralentissait petit à petit.

« - Jash…guéris-la… Jash…il y a un…secret… Le carnet de…grand-père…est…la clé… Des forces…le veulent. Jash…mon frère…mon…frère… »

Zapan fut parcouru d’un ultime tremblement, puis s’éteignit à tout jamais.
Jashugan regardait son visage, traversé par des émotions qu’il avait peu connues jusqu’à présent. Les larmes se firent plus abondantes encore. Pleurer, c’est tout ce qu’il lui restait à présent. Il serra le corps de son frère de toutes ses forces, hurlant sa douleur. Il pleurait comme jamais ça ne lui était arrivé. Il ressentait de la haine pour lui-même, qui avait tué son père et son frère, et qui avait laissé mourir sa mère dans la misère la plus totale. Quel misérable était-il ! Il était à présent le dernier de sa famille, le dernier des SUNBLADE. Il resta là longtemps, serrant de ses ultimes forces son grand frère, celui qui avait tracé son destin désormais. Ses larmes ne tarissaient pas. Il souleva avec peine le corps de Zapan et le porta jusqu’au bord du vide. Jetant un dernier regard sur son visage il y perçut une expression de paix qu’il ne lui avait jamais vue. Embrassant son front, il murmura un dernier « Adieu, mon frère. » et le laissa basculer dans le vide. Son corps s’enfonça dans le métal en fusion, dernier tombeau d’un être au destin tragique.
Puis Jashugan ramassa sur le sol la petite boîte de métal. Le monde tournait autour de lui, le sang lui rentrait dans les yeux, se mélangeant aux larmes. Sa vue se brouilla, et il finit par tomber sur le sol, vidé de toutes ces forces ; il avait triomphé, mais à quel prix…
Sa dernière vision fut celle d’un homme qui courait vers lui, un jeune homme au regard bleu profond. Qui était-il ? Jashugan n’eut pas le temps de se le demander. Il tomba dans un coma profond.


Jashugan se trouvait sur Kashyyk, dans cette partie de la forêt qu’il affectionnait tant. Que faisait-il là ? Il n’aurait su le dire. Il se sentait bien, c’est tout. Ici la nature livrait ce qu’elle avait de meilleur à tous les sens. Les parfums de fleurs exotiques se mélangeaient au chant magnifique des oiseaux écarlates. La mousse où on pouvait se coucher était d’une extrême douceur, les fruits d’une fraîcheur délicieuse, et le paysage magnifique. Une pluie fine venue des chutes plus au nord baignait l’ensemble dans une clarté surnaturelle. Jashugan s’assit sur une roche qui paraissait prévue à cet usage. Il contemplait les trésors de la nature.
Puis il sentit une présence, quelque part autour de lui ; une présence familière et rassurante.

« - C’est magnifique n’est-ce pas ? »
Se retournant, il eut la surprise de sa vie. Devant lui se dressait l’impossible !
« - Mais…comment ? Suis-je en train de rêver ? »
« - On peut le dire comme ça, Jashugan. Tu es dans un coma profond après ton combat contre ton frère. Je sais que le doute te parcoure ; aussi devais-je t’apparaître pour te guider dans cette épreuve. »

Jashugan tremblait, n’osant croire à ce qu’il voyait. Et pourtant c’était bien le jedi Qui-Gon Jinn qui lui parlait à présent. En le détaillant il s’aperçut que son corps était translucide, comme éthéré.

« - Mais…pardonnez moi, Maître, mais…vous êtes… »
« - Mort ? La Force est plus forte que la mort, et la vie n’est qu’un passage. Tu as encore beaucoup à apprendre. Mais tu es bien entouré ; Maître Ti O’Nah est un sage qui te guidera vers la bonne voie lui aussi. »

Ils conversèrent de multiples sujets, Qui-Gon Jinn faisant part de son expérience à Jashugan. Cet instant paraissait ne jamais devoir finir.

« - Tu ne dois pas t’accuser de la mort de ton frère, Jash. Il a fait le mauvais choix et il en a payé le prix. Ton passé est derrière toi maintenant que tu as accepté d’y faire face. Tourne toi vers ton avenir maintenant ; beaucoup de gens compte sur toi, et une certaine Twi-lek est retenue sur Ord Mantell. »
« - Elissane… Oui, mais le Conseil me parait toujours lent à réagir. »
« - Ils sont pris entre de multiples feux, prendre la décision d’agir ne leur est pas toujours facile… Suis ton instinct ; désobéir n’est pas toujours un mal. »

Qui-Gon fit une pause.

« -Tu as désormais le choix, Jashugan. Rester ici à te lamenter sur ton passé, ou revenir chez les vivants. Il y a tant de choses à faire…Regarde cet endroit : c’est superbe n’est-ce pas ? Combien de temps crois-tu qu’il le restera si personne n’y prend garde ? Et il en va de même pour toutes les choses de l’univers…Tu es un jedi, remplis ton rôle de protecteur de la paix.
Que la Force soit avec toi. »
« - Que la Force soit avec vous, Maître. »

En se relevant de sa révérence, Jashugan ne vit plus personne. Son mentor avait disparu. Oui, il était un jedi, et son histoire devait lui servir maintenant à protéger les plus faibles, à éviter aux autres les mêmes erreurs. Il ne pourrait pas tout empêcher, mais ce qu’il pourrait faire, ce serait déjà ça.
Levant la tête vers le ciel, il ferma les yeux longuement, très longuement, déterminé à vivre et à apporter sa pierre à l’édifice de la Paix.


Il se réveilla dans un semi-brouillard, une douleur à peine voilée lui démangeant le crâne. Sa vue se fit plus claire progressivement ; et il s’aperçut qu’il était dans un centre-médic. Une forme familère se tenait à côté de lui.

« - Eli ? C’est toi ? »
« - Non, désolée, fit une jeune Twi-lek aux belles couleurs roses- bleues. Moi je suis l’infirmière qui vous annonce que vous sortez de deux semaines de coma profond. Bienvenue ! Je m’appelle Cyan. Je suis désolée, je n’ai pas eu le temps de vous raser cette horrible barbe. »

Jashugan ne put s’empêcher de rire de la remarque, se déclenchant un mal de crâne subit. Tout en se redressant sur son lit, il répondit :

« - Vous avez peut être raison, mais j’y tiens, en souvenir d’un ami… »

Il repensa à Qui-Gon ; avait-il rêvé cette apparition dans son coma, où était-ce vraiment le Maître qui lui était apparu ? Il réfléchit un moment à la réponse, puis sourit.

« - Mais…comment suis-je arrivé ici ? »
« - Oh…Un beau jeune homme vous a amené ici il y a deux semaines. Il vous a laissé à nos bons soins en payant largement de quoi guérir tout le centre. D’ailleurs, si vous pouviez lui dire, j’aimerai bien lui rendre la monnaie… »
« - J’ignore complètement de qui vous voulez parler. »
« - Oui, vous êtes encore sous le choc. Reposez-vous, le robot-médic ne va pas tarder à venir vous voir. »

Jashugan resta encore une semaine dans le centre, conscient qu’il ne serait d’aucune utilité à l’Académie dans cet état. Il ne voulait pas les prévenir, car il sentait qu’il avait besoin de calme. Il put bientôt enlever le large bandage qui lui entourait le crâne et s’en aller. Avant de partir, il alla voir son infirmière préférée :

« - Je m’en vais, Cyan. Je voulais vous remercier de votre patience et votre bonne humeur. »
« - C’est normal, je l’ai bien mérité après tout ! »

Jash sourit de la remarquable modestie de sa gardienne.

« -Au fait, toujours aucun souvenir du bel inconnu ? »
« - Non, c’est réellement un inconnu. Mais si je le vois, je ne manquerai pas de lui rappeler que vous existez. Au revoir Cyan . »
« - Vous n’oubliez rien ? »

Cyan prit une grande boîte d’où elle sortit quelques crédits, le sabre-laser de Jashugan, ainsi que l’urne funéraire de Jolane SUNBLADE.
En revoyant ces objets, Jash repensa au terrible combat d’où il aurait très bien pu ne pas revenir.

« - Merci, Cyan. Vous faites un beau métier, et vous le faites bien. Je…je passerai vous voir à l’occasion.»
« - Y’a intérêt ! »

Jashugan sortit du centre médic. Il devait maintenant rejoindre l’Académie, mais il devait faire une dernière chose avant de fermer le coffre des souvenirs. Les navettes funéraires destinées à la dispersion des cendres dans l’espace étaient courantes, et Jash n’eut aucun mal à s’embarquer pour l’une d’elle. Plusieurs familles éplorées se trouvaient à son bord. Quand vint son tour, Jashugan sentit qu’une page se tournait vraiment. Il disposa l’urne ouverte dans le compartiment prévu à cet effet, puis appuya sans hésitation sur le bouton. Les cendres de Jolane SUNBLADE se dispersèrent lentement dans l’espace ; Jash imagina le parcours qu’elles feraient, se disposant aléatoirement dans la Galaxie, pour finalement faire partir du « grand tout », comme disait sa mère.

« Adieu, maman. »

Il ne se sentait plus le besoin de pleurer. Il était résolument tourné vers sa tâche de jedi maintenant.

En revenant sur Coruscant, il fila tout droit vers l’Académie. Une fois devant le bâtiment, il prit une grande respiration, se retourna une dernière fois, puis s’engouffra dans sa nouvelle maison, débarrassé de ses doutes et ses peurs. Shaï le premier le vit arriver :

« -Jash ! Vieille barbe ! Mais où étais-tu passé ? »
« - Mes amis ; je suis de retour. »

Nous avons chacun notre coffre des souvenirs, plus ou moins grand, dont nous seuls avons la clé. Il convient de l’ouvrir de temps en temps, pour en sortir quelque chose d’utile au présent. Mais attention d’y fouiller trop profondément ou d’y rester trop longtemps : le couvercle se referme sur vous, vous laissant prisonnier de votre propre passé.

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